LOCATION GERANCE : Les salariés de Carrefour Fécamp font grève, craignant la reprise de l’hyper par un indépendant

Rédigé le 05/03/2020


"NON A LA SOUS-TRAITANCE"

Les salariés du magasin de FECAMP refusent de passer en location-gérance, sous la coupe d'un indépendant. Ce qu'ils veulent, c'est rester au sein du groupe CARREFOUR.


SOCIAL : Les salariés de l’hypermarché de la rue Leborgne, à Fécamp, sont en GREVE : Le magasin risque de passer en location-gérance, ce qui signifierait la perte d’une bonne partie de leurs acquis sociaux.



Pas de service au client dans le rayon poissonnerie, ni charcuterie, et seulement trois caisses en fonctionnement, tenues par des managers : jeudi 5 mars 2020, l’hypermarché Carrefour, rue Charles-Leborgne à Fécamp, tourne au ralenti. La raison : un mouvement de grève, suivi par la majorité des 130 salariés du magasin.

Des salariés inquiets, qui ont sorti drapeaux et banderoles pour exprimer leur colère.

« Mercredi, on a appris que Carrefour Fécamp était sur la liste des hypers qui pourraient passer en location-gérance, explique Kathy Lefort, représentante du syndicat Force Ouvrière. Cela veut dire que le magasin est susceptible d’être repris par un indépendant, comme une sorte de franchisé. »


« On nous a vendu du rêve, on y a cru »

« Le risque, s’il y a un changement de propriétaire, c’est de perdre une bonne partie de nos acquis sociaux », s’inquiète la représentante du personnel. Parmi ceux-ci : les primes à l’intéressement, les primes vacances, les tickets restaurant, une mutuelle de qualité...

« On a des primes qui permettent de réévaluer le salaire de base, confie une caissière. On n’a pas envie de les perdre. »

« Pendant quinze mois, on pourrait garder les acquis sociaux, précise la représentante syndicale. Mais après cette période, il faudrait renégocier la convention. Et là, quand on est en location-gérance, c’est beaucoup plus compliqué, car on est isolé. On n’est plus dans un grand groupe. »

« Cela fait deux ans que la menace pèse sur notre hypermarché », rappelle Kathy Lefort. « Comme beaucoup de magasins Carrefour dans le pays, celui de Fécamp est en difficulté, indique Caroline Chapelle

, déléguée FO, au secteur caisse depuis trente-deux ans. En 2019, on s’est retrouvé parmi les 40 magasins rebonds du groupe. On nous a dit : si vous faites du chiffre d’affaires, si vous arrivez à avoir plus d’attractivité, vous risquez de ne pas passer en location-gérance. Alors on s’est donnés à fond. Malgré des effectifs réduits, causés par 11 départs dans le cadre des RCC (ruptures conventionnelles collectives), on a amélioré le Roc (résultat opérationnel courant) 2019. On a même eu une prime par rapport à ça, avec les félicitations. »

« On nous a vendu du rêve, résume-t-elle, amère. On y a cru. Et là, c’est la douche froide ! On nous met sur la liste des locations-gérances. »

« C’est un vrai drame social », martèle la caissière. « Si le magasin change de statut, il y aura des licenciements, craint-elle. Le nouveau propriétaire ne gardera pas l’effectif actuel. »


« Nous avons été bernés »

Pour l’heure, l’incertitude plane sur les 130 salariés de l’hypermarché. « On sait seulement que Fécamp est sur la liste des magasins qui pourraient potentiellement passer en location-gérance », confirme le directeur Cédric Jouan.

« On n’a aucun élément d’information. On ne sait pas si un acquéreur est intéressé par l’hyper de Fécamp », souligne Kathy Lefort.

Dans une lettre adressée au directeur, au nom des salariés de l’enseigne, la déléguée FO insiste : « Nous avons été bernés, nous avons donné notre temps, notre énergie, notre santé afin de maintenir l’évolution de notre chiffre d’affaires. Nous considérons que ce passage en location-gérance est inconcevable. Nous vous demandons une alternative en magasin rebond qui permettra de continuer à améliorer les résultats. »

Selon la porte-parole du personnel, trois quarts des salariés suivent lemouvement de grève. Celle-ci pourrait être reconduite vendredi 6 mars 2020.


LETTRE A LATTENTION DE MR JOUAN CEDRIC