Dominique Moualek et l'ensemble des relais.
 

C'est la fin de notre direct. Merci de l'avoir suivi.

Anna Maria Maaroufi, Nadia Ayad et Nicolas Millerand.



Conclusion de l'assemblée générale par Dominique Moualek, délégué national des Hypers.

Sur les problèmes avec les fiches de paie, je constate qu'il y a effectivement un manque de compétence des RH. Soyez vigilants sur les fiches de paie et alertez vos relais. Ces situations ne sont pas acceptables.

Il y a effectivement une démarque importante, la direction ne veut pas nous donner les chiffres. C'est inquiétant que ce soit nous qui devions alerter la direction sur ce sujet.

Nous avons eu un désaccord sur la signature de la clause de revoyure mais nous assumons cet accord collectivement. Le combat continue, ne restons pas dans ce carcan.

Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d'année, de bonnes élections pour les magasins concernés et nous nous retrouverons en 2023 pour les NAO. Nous ferons notre maximum face à la direction.



Conclusion de l'assemblée générale par Cyril Boulay, délégué de groupe.

Il n'y aura plus de négociation sur les salaires au niveau du groupe, je le redis. Cela vous a mis dans une position délicate, j'en suis conscient. De plus en plus, la direction nous propose des NAO au niveau du groupe : c'est un piège dans lequel nous ne voulons pas aller.

Je sais que beaucoup d'entre vous ont subi la pression de la direction lors du mouvement du 24 septembre. Je constate que toutes les organisations syndicales n'ont pas subi cette pression. Il y a une volonté de la direction de passer en force ses projets. Nous n'allons pas rester là les bras ballants, nous revendiquons un vrai projet social. Il va falloir que la direction nous rencontre rapidement par rapport aux annonces d'Alexandre Bompard.

Sur la location-gérance, elle existe dans le groupe depuis 1999. Elle a provoqué la fermeture de la proximité, elle provoque la stagnation des Markets et pour les Hypers, c'est le début du voyage. L'article L1224-1 du code du travail a pour objectif d'éviter la rupture du contrat de travail en cas de reprise du fond de commerce. C'est un article en faveur des salariés. Mais les entreprises ont détourné cet article de loi pour restructurer. Cela n'existe pas que chez Carrefour. Il est nécessaire que ce message soit porté au plus haut niveau du Gouvernement, auprès des législateurs.

Il y a beaucoup de changement chez FO Carrefour. Une nouvelle génération arrive, avec de nouvelles méthodes. Mais le plus important, c'est de se parler.



Prise de parole de Laurent Rescanière, secrétaire général de la FGTA-FO.

Laurent Rescanière salue tous nos anciens qui prennent leur retraite cette année.

La Fédération s'est associée à la Confédération pour la mobilisation interprofessionnelle du 18 octobre. Ce ne fut qu'une demi-victoire. Nous nous fragilisons dans ces mobilisations où nous n'arrivons pas à obtenir des résultats. Nous voulons préserver nos forces pour le sujet majeur qui arrive : les retraites ! Ce sont des lignes rouges ! Nous ne voulons pas de la retraite à 65 ans !

Force Ouvrière réclame du salaire et non des primes de partage de la valeur.

J'ai écouté les annonces de votre PDG. Je retiens trois points.

"Inventer le groupe de demain", "organisations repensées", "4 Md€ d'économie" : ce sont toutes vos organisations qui vont être remises en question. Les salariés ne sont pas cités dans ces annonces. Où sont passés les salariés dans les projets d'Alexandre Bompard ? Nous demandons une réunion avec la direction nationale pour avoir des réponses.

Sur les assignations, sachez que la Fédération sera là pour vous soutenir, quel que soit le coût que cela représente. Nous prenons en charge les frais des avocats.

Sur la clause de revoyure, la décision a été prise par les nationaux. La Fédération a été sollicitée pour apporter un appui sur quatre points. J'ai décroché le téléphone pour demander une augmentation à 2,5 % et j'ai mis tout le poids de la Fédération dans cette négociation. Les 2,5 %, ce sont les nationaux qui me l'ont demandé alors que la direction bloquait sur 2 %.

Le sujet des conditions de travail est arrivé après les 2,5 %. J'ai à nouveau appelé la direction et nous avons obtenu 300 embauches (CDD/CDI). C'est aux nationaux de dire si cela est suffisant.

La direction avait refusé de venir aujourd'hui. J'ai à nouveau pris mon téléphone pour leur faire comprendre que c'était un manque de respect, que leur présence était souhaité.

Alors quand j'entends dire que c'est la Fédération qui a signé l'accord, je ne peux pas l'accepter. Vous avez l'appui de la Fédération mais je ne peux pas laisser dire certaines choses. Quand je vois tout le temps que j'ai passé pour appuyer les demandes des nationaux... !

Je veux remercier Dominique Moualek car dans la crise, ce n'est pas simple et il faut réussir à prendre des décisions.

Il y a des changements à la Fédération. Nous allons  revoir la façon de travailler de nos services. Vous sollicitez souvent le service juridique de la Fédération : nous avons décidé d'embaucher une personne pour étoffer ce service.

Le service formation (INACS) bouge également. De nouvelles têtes vont arriver, nous allons étoffer l'équipe aussi. Nous devons réussir à nous adapter aux besoins de nos élus.

Votre taux d'adhésion dépasse largement ce que nous constatons, en moyenne, dans les secteurs de la fédération. Rien que pour cela, je vous remercie.



Présentation du Comité Social et Économique Central par Bruno Biguet.

Le CSEC a les mêmes compétences que le CSE mais sur le périmètre de Carrefour Hypermarchés et DEHF (Sièges).

Nous n'étions pas satisfait du fonctionnement du CSEC. La direction ne nous respectait pas, ne nous envoyait pas les documents à temps. Nous avons remis de la méthode dans le travail du CSEC. Nous demandons régulièrement à la direction d'ajouter des sujets à l'ordre du jour, à notre demande. Nous avons rappelé à la direction son obligation d'informer le CSEC sur plusieurs sujets et notamment la formation.

Nos travaux sont une source d'information pour les CSE des magasins. Nous apportons nos analyses, notre expertise aux élus des magasins sur tous les projets nationaux déployés en magasin.

J'ai entendu les annonces d'Alexandre Bompard mais je n'ai rien entendu pour les salariés. Nous perdons des talents car les salariés sont épuisés.

La grande distribution a un problème de marge. Elle ne fait pas peser ce problème sur les clients mais sur les salariés. Les salariés doivent être polyvalents, savoir tout faire mais ne sont pas rémunérés en conséquence.



Présentation de l'application FO Hypers par Anna Maria Maaroufi et Nicolas Millerand.



Intervention d'Angélique Bruneau, secrétaire fédérale en charge de la grande distribution.

Nous sommes la première organisation syndicale au niveau de la branche, grâce au résultat de vos élections et le travail que vous faites au quotidien.

Toutes les enseignes de la grande distribution vont la digitalisation des métiers, avec de grands bouleversements qui se profilent. Personne ne doit rester au bord de la route, la transition doit se faire avec les salariés.

La transition environnementale s'est imposée avec l'augmentation des tarifs de l'énergie. Les entreprises vont baisser le chauffage, l'éclairage. Mais cela doit se faire en concertation avec le CSE, les organisations syndicales.

L'automatisation des tâches doit entrainer la reconversion des salariés, cela s'anticipe et les salariés doivent être accompagnés.

Sur l'atteinte au droit de grève, nous avons réagi très vite pour les magasins d'Oullioules et de Toulon Grand Var avec les unions départementales. Nous avons fait appel de la décision du tribunal et nous soutiendrons les camarades qui font grève.

Nous avons monté une structure syndicale pour venir en aide aux magasins qui passent en location-gérance. Nous savons très bien qui va faire les frais du plan d'économie annoncé par Alexandre Bompard... ce ne sont pas les actionnaires. Isabelle Sabard fait un travail d'enfer pour ces magasins.

Nous allons nous attaquer à la GPEC en 2023, le travail devra être fait au plus près du terrain. Pareil pour les classifications, la direction laisse traîner le sujet volontairement.



Prise de parole de la déléguée de Sevran.

Avec la centralisation des services RH au siège et dans les CSP, il n'y a  plus de compétences dans les magasins pour répondre aux questions des salariés ou pour corriger les erreurs sur les fiches de paie. Les salariés sont renvoyés vers Contact RH. Nous avons eu cinq dossiers à traiter ces derniers mois, cela nous a demandé un travail de titan pour tout vérifier.

Nous avons demandé que la RH fasse une permanence une fois par mois pour que les salariés puissent présenter leurs questions sur ces sujets. Cela nous a été refusé.

C'est un problème récurrent et qui concerne tous les magasins. Nous devons obliger l'entreprise à se saisir du sujet.



Prise de parole de la déléguée de la Chapelle Saint Luc.

Mon magasin est dans la liste des magasins qui doivent passer en location-gérance. C'est la stupeur puis l'abattement. Notre magasin est neuf, les loyers et les amortissement pèsent lourd dans notre tableau de bord. Nous avons cependant bien amélioré notre ROC, nous gagnons des parts de marché. Le projet TOP est en place depuis deux ans dans le magasin mais nous en sommes pas certifiés, ça ne fonctionne pas.

Nous sommes à 10 % de frais de personnel, c'est très peu. Nous n'avons plus les moyens de faire notre travail. Quand la direction dit que la majorité des magasins resteront dans le modèle intégré, j'ai du mal à y croire car la location-gérance c'est un modèle 100 % gagnant pour la direction.

De toute façon nous ne faisons plus de commerce à Carrefour, nous sommes dirigés par des financiers. L'entreprise ne forme plus les salariés.

Nous sommes conscients que les modes d'achat ont changé et qu'il faut s'adapter. Mais le client n'a pas changé tant que ça : il veut ses produits, avec un prix et pas d'attente en caisse. Ce sont les fondamentaux de notre métier !

Nous n'allons pas baisser les bras, nous allons accueillir notre repreneur avec nos gilets rouges. Nous essaierons de négocier de nouveaux accords pour les salariés.

La direction dit que la location-gérance est un mode de gestion alternatif mais en réalité c'est un mode de destruction organisée.



Prise de parole du délégué de Vaulx en Velin.

Malgré les alertes des délégués, Carrefour continue de privilégier les caisses SCO/SCA, avec une démarque qui explose. Le maquillage se vole comme des petits pains, les clients consomment sur la surface de vente sans payer et pèsent le vrac bio sur les codes des articles les moins chers... Carrefour se tire une balle dans le pied. Les salariés ne sont plus associés aux comités antidémarque.



Prise de parole du délégué de Toulon  Grand Var.

Nous ne pouvons pas continuer à subir la location-gérance, à voir 3 000 emplois supprimés tous les ans. Il faut se faire respecter, agir pour leur faire comprendre que la location-gérance, c'est non !



Prise de parole du délégué de Toulon  Grand Var.

Lors du mouvement du 24 septembre, la direction a menacé les salariés qui souahitent faire grève. Des élus ont été assignés devant le tribunal en référé. L'huissier mandaté par Carrefour a pris de nombreuses photos mais n'a évidemment pas fait mention des pressions de la direction. Le tribunal a condamné les élus.

C'est une remise en cause du droit de grève. Nous n'aurions jamais pensé subir cela de la part de notre entreprise. Nous avons fait appel de ce jugement.



Prise de parole des déléguées de Wasquehal, Valenciennes, Denain, Saint Pol sur Mer, Condé sur Escaut.

Les déléguées ne comprennent pas la signature de FO à l'issue de la grève du 24 septembre. Elles regrettent cette signature alors que la majorité des salariés étaient  contre, elles l'ont vécu comme une trahison. Les autres syndicats instrumentalisent cette signature contre nous. Elles interpellent les dirigeants du syndicat sur les conséquences de cette signature. Elles renouvellent leur confiance en Dominique Moualek, délégué national Hypers.



Point sur les élections avec Sandrine Blanchard et Sébastien Ramelet.

FO est majoritaire à l'issue des premiers résultats du nouveau cycle électoral. Nous obtenons 45 % des sièges.



Conclusion de Dominique Moualek.

Les délégués vous ont parlé avec leur coeur. Ils faut les entendre.

Nous comprenons la nécessité pour l'entreprise d'évoluer. Nous comprenons la nécessité de se soucier des attentes des clients. Mais il faut associer les salariés à ce plan de retournement. Il faut proposer un vrai projet social aux salariés.

Vous gagnez des clients, mais combien de salariés perdez-vous ? Les anciens partent quand ils le peuvent, nous perdons des connaissances, des savoir-faire, des compétences.

Nous baissons les heures de ménage et de sécurité... Carrefour a le service qu'il paie, et certains magasins sont maintenant des poubelles. Ce ne sont pas des cas isolés, c'est le résultat d'une politique de réduction de coûts choisie par la direction. Ce n'est pas acceptable que les salariés se fassent agresser par des clients.

Sur le projet TOP, vous avez un mérite : il dure depuis un an et demi. Nous en avons pourtant connu des projets qui disparaissent au bout de quelques mois. La réalité, c'est que chaque magasin applique TOP à sa sauce. Comment le projet TOp peut fonctionner avec des effectifs en chute libre ? Il faut des moyens humains et matériels. La direction a le droit de se tromper et de faire marche arrière. Ce n'est pas pour rien que les magasins en location-gérance abandonnent le projet TOP.

Vous dites que la location-gérance est une alternative à la fermeture. Mais nous croyons que c'est devenu pour vous un objectif et une ambition. J'ai du mal à croire que vous allez garder la moitié des magasins en intégré.

Nous avons des négociations en cours depuis des mois, parfois des années. Dans le cadre d'un véritable dialogue social, nous devons avancer sur ces sujets, ce n'est pas acceptable d'entendre que vous n'avez pas eu le temps. Nous attendons de connaitre le calendrier social.

Sur les négociations annuelles, nous devons parler des augmentations de salaire, de l'aération de la grille de salaire et d'une clause de revoyure pour les Hypers. Nous ne voulons pas d'une clause de revoyure au niveau du groupe.

Nous avons un dialogue social au niveau national, même si nous ne sommes pas toujours d'accord, même si on se fait la gueule quand il a grève. Mais dans les magasins, souvent, il n'y a plus de dialogue social. Quand est-ce que les directeurs de magasin dialoguent avec les élus ? Maintenir le dialogue, c'est le plus important. Et quand nous ne sommes pas d'accord, nous allons à la grève.

Nous avons signé un accord de groupe sur le pouvoir d'achat qui prévoit l'ouverture d'une discussion sur les conditions de travail et les effectifs. Cela fait un mois. Quand allons-nous pouvoir en discuter ? C'est un engagement de votre part.

Réponse de Nora Mastouri.

Sur les NAO, il n'y aura pas de séance de négociation en fin d'année, nous commencerons en janvier. Nous prenons note de vos premières revendications. En début d'année, pour les NAO 2022, nous avons eu des échanges satisfaisants qui se sont conclus par un accord.

Le dialogue social se joue dans les magasins. Nous pensons que, pour la plupart des magasins, le dialogue est présent. Nous entendons que ce n'est pas le cas partout, nous allons passer les bons messages.

Nous sommes conscients des difficultés du projet TOP. Il y a probablement un problème de volume d'heures travaillées et de pédagogie. Nous nous sommes laissés du temps avant de déployer TOP Non-alimentaire après avoir discuté avec vous.

Sur les 300 embauches, nous n'avons pas la répartition entre CDD et CDI.

Sur les condtions de travail, les 300 embauches sont une première étape. Il n'est pas écrit dans l'accord que nous allons ouvrir une discussion sur les conditions de travail et des effectifs ; cela ne signifie pas que nous ne devons pas en parler, nous avons déjà des échanges sur ce sujet.

Intervention de Dominique  Moualek.

Cela n'est effectivement pas marqué tel quel dans l'accord mais nous avons posé  le sujet sur la table lors des négociations. Si vous remettez ce point en cause, c'est la loyauté de la négociation qui est en péril.

Intervention de Cyril Boulay.

Les discussions ont déjà commencé à la Supply Chain. Depuis l'arrivée d'Alexandre Bompard, les projets se succédent à un rythme effréné. Nous devons avoir un projet social car les salariés ne sont pas là pour subir ces projets... sinon ça va devenir violent des deux côtés. Les militants vont se radicaliser. Donc, clairement, il faut qu'on nous entende.



Nous croyons au dialogue social dans notre syndicat mais nous avons maintenant l'impression que vous êtes devenus sourds. Le projet TOP augmentent la souffrance des salariés, c'est la polyvalence à tous les étages, les rayons sont vides et dégueulasses. Je n'ai pas appris le métier comme ça. Je suis en colère. Je ne suis plus aussi fière de travailler à Carrefour. Qu'on arrête la location-gérance, cette grosse merde ! Que Bompard se casse avec sa valise remplie de fric !

Standing ovation des délégués.



Les salarié souffrent. Qu'allons nous laisser aux salariés qui viennent après nous ?

Nous ne pouvons que déplorer cet état de fait. Nous tentons d'apportons des solutions au quotidien. Nous ne pouvons pas vous garantir que la situation va s'améliorer considérablement. Je serais la porte-parole auprès des opérationnels de ces problèmes, même si je ne découvre pas ces sujets.



Vous avez annoncé que la majorité des magasins resteraient dans le modèle intégré. Combien de magasins allez-vous garder ? Et vous dites que seuls les magasins très déficitaires passent en location-gérance, mais dans ce cas pourquoi des magasins ayant un ROC positif sont dans la liste ?

Nous n'avons pas un nombre de magasins à annoncer.

Il y a plusieurs critères qui entrent en compte : un ROC négatif, des coûts de distribution plus élevés que la moyenne.

La seule exception est le magasin de Tarnos, qui a un ROC positif. C'est une exception en rapport avec un projet immobilier.




Vous avez parlé de plan d'économie, de nouvelles organisations de travail... Tout cela est bien pour l'entreprise mais le volet conditions de travail devient de plus en plus important pour les salariés. En magasin, n'avons-nous pas des directeurs qui misent tout sur l'aspect économique au détriment des salariés ?

Il peut y avoir des écarts entre le discours porté au national et la réalité dans les magasins mais nous devons respecter nos obligations et nous faisons redescendre les consignes dans les magasins.



Vous tenez un discours sur la satisfaction du client mais les salariés sont soumis à un mal-être permanent : dégradation des conditions de travail, baisse des effectifs, matériel non réparé... Que comptez-vous faire ?

Nous avons déjà apporté des réponses sur certains sujets. Nous pensons la satisfaction des clients et le bien-être des salariés vont de paire.





Alexandre Bompard annonce 4 Md€ d'économie. Cela passe par une automatisation en magasin. Le métier d'hôtesse de caisse va-t-il disparaître ?

Non mais le métier va évoluer. Nous allons travailler sur la classification. Le métier d'hôtesse est complémentaire de la digitalisation, tous nos clients ne prennent pas la scannette ou les caisses libre-service. Nos clients doivent avoir le choix.

Le plan d'économie repose sur 4 axes. Une partie importante des économies sera réalisée sur la massification des achats, marchands et non marchands, au niveau européen.



L'année dernière, nous avions les mêmes propos, les mêmes alertes. La situation se dégrade encore. Que faut-il faire pour vous faire prendre conscience de ces difficultés ? Des démissions ? De l'absentéisme ? Du caractère délétère du projet TOP ?

Sur le projet TOP, notre discours a évolué. Nous allons regarder les conclusions du cabinet DOH. Il y a des ajustements à effectuer, des heures à remettre ou un accompagnement à mettre en place dans certains magasins. TOP ne va pas être arrêté mais nous écoutons vos alertes.

Sur les inaptitudes, nous devons regarder les causes. Les possibilités de reclassement sont limitées, ce qui entraîne des licenciements.



Nous avons dix magasins en location-gérance dans les Hauts de France. C'est une véritable casse sociale pour ces salariés. C'est une épée de Damoclès pour les salariés qui restent dans le format. Nous avons beaucoup de licenciements pour inaptitude. Que compte faire la direction pour que les salariés qui démissionnent pour réintégrer un Hyper garde les acquis de leur ancienneté ?

 

Sur les magasins extrêmement déficitaires, la location-gérance est une solution, c'est une décision de la direction. Il s'agit clairement d'éviter la fermeture de ces magasins. Le sujet était sur la table. Nous avons préféré tenter autre chose. Par ailleurs, les salariés des magasins qui passent en location-gérance sont satisfaits sur un certain nombre de sujet. Nous reconnaissons que des magasins en location-gérance abandonnent le projet TOP.

 

Nous traitons les dérives quand nous sommes informés de problèmes dans ces magasins. Il n'est pas vrai de dire que les salariés de ces magasins sont malheureux.

Lors du passage en location-gérance, il n'y a pas lieu qu'un salarié démissionne.

Sur les inaptitudes, il y a effectivement une augmentation des licenciements pour inaptitude.

Est-ce que l'emploi intéresse la direction ? Car nous n'avons aucune réunion de la commission Emploi alors que nous allons morfler durant les quatre prochaines années, la direction prévoit des restructurations.

Nous devons réunir la commission quatre fois par an mais nous n'avons pas pu le faire. Nous reconnaissons notre tort. La restructuration annoncée par Alexandre Bompard concerne les  sièges.

Nous devons travailler sur la classification des emplois et la cartographie des métiers. Nous avons pris beaucoup de retard et il y a urgence à traiter ce sujet.



Sur les 300 embauches, c'est en plus ou pour remplacer les salariés démissionnaires ?

Nous n'avons pas noté une augmentation significative des démissions (huées).

En tout cas, je n'ai pas de remontée alarmante sur ce chiffre.

Nous ne pouvons pas vous assurer que ces 300 salariés ne viennent pas remplacer des salariés démissionnaires. Cependant rien de garantissait que ces salariés démissionnaires soient remplacés.

Les rayons sont vides, les réserves sont pleines. Le projet TOP ne fonctionne pas. Nous vivons une situation compliquée. Les salariés n'en peuvent plus.

Nous n'allons pas nous voiler la face, il y a des difficultés dans les magasins. Nous n'allons pas augmenter considérablement les effectifs dans les magasins.

Nous avons débloqué 300 CDI/CDD complémentaires sur la fin d'année. Il est possible que nous allions un peu au-delà, en fonction des échanges avec les directeurs régionaux.

Nous avons un sujet autour de TOP. C'est une organisation de travail que nous avons décidé dans nos magasins. Cependant cette méthode fonctionne avec des prérequis, dont un volume d'heures travaillées. Il y aussi un sujet d'accompagnement des salariés dans ce projet majeur, cela peut être très compliqué de dire à un salarié qu'il ne va plus s'occuper que d'une seule tâche. Cela n'a pas été bien expliqué partout.

Sur l'absentéisme, le taux est stable en 2022 par rapport à 2021. Nous allons concentrer nos efforts de lutte contre l'absentéisme sur l'accidentologie.

Cyril Boulay : Nous avons désigné un expert qui doit rendre prochainement ses conclusions sur le projet TOP. Nous attendons des réponses de la direction sur ces conclusions.

Nous allons étudier les analyses de DOH.



Vous avez souligné l'importance des classifications. La réunion du mois de janvier s'est conclue sur un statut quo. La réunion d'octobre a été annulée. Des métiers ne sont pas classifiés. Nous avons des salariés de niveau II qui font un travail de niveau III. Et ne parlons pas des niveaux IV qui remplacent les manageurs... Quel est votre calendrier ?

Nous avons l'ambition d'aller sur ce sujet, c'est une nécessité.  Nous regrettons ne pas être allés plus vite mais le contexte social ne l'a pas permis.

Un salarié n'a évidemment pas à faire un travail qui ne relève pas de son niveau. Nous allons devoir aller sur le sujet de la polyvalence.



Nous ne sommes pas orientés 100 % client car les magasins sont vides. Les clients se plaignent et finissent par partir à la concurence. Ne s'agit-il pas d'un prétexte pour nous passer en LG car on ne fait pas de chiffre d'affaires avec des rayons vides !

Notre volonté n'est pas de passer à tout prix les magasins en location-gérance, notre stratégie est bien de redresser les Hypers.

Nous avons des difficultés avec la Supply Chain pour résoudre les problèmes d'approvisionnement. Nous avons encore des problèmes de remplissage avec des produits qui restent dans les réserves. Peut-être qu'il n'y a pas assez de personnel mais pour plein de raisons. Nous avons travaillé sur de nouveaux outils pour identifier rapidement les ruptures et les résoudre.

La disponibilité des produits et des promotions est un irritant majeur, cela se voit dans le NPS. Nous travaillons sur ce sujet.



Nous constatons une réduction du nombre d'agents de sécurité dans les magasins alors qu'il y a toujours autant d'agressions physiques et verbales. Comment assurer la sécurité des hôtesses de caisse face à la dégradation des conditions de travail et l'aggravation des risques psychosociaux (RPS) ?

Nous entendons qu'il y a une réduction du nombre d'agents de sécurité dans les magasins. Nous n'avons pas cette information et nous allons nous rapprocher du responsable de ce sujet au Comex.

Nous avons déjà échangé en CSEC sur ce sujet. Nous avons de plus en plus de prestataires et nous avons du mal à assurer le niveau de service que nous devons avoir. Nos prestataires ont des difficultés à recruter.



Intervention de Cyril Boulay, délégué de groupe.

Cyril Boulay constate qu'il y a une volonté de passer une majorité de magasins en format Maxi, avec une baisse drastique du référencement des marques nationales pour laisser la place aux marques propres. Cela induit aussi le changement des pratiques de travail avec la massification. Nous voulons connaitre l'impact de ces nouvelles organisations de travail sur nos collègues et comment, dans le cadre d'un dialogue social responsable, vous aller travailler avec les élus au plus près du terrain pour éviter les dérives et emmener les salariés dans ces projets.

Nous avons constaté une augmentation sévère de la productivité dans les magasins qui engendre une désorganisation dans les magasins, une augmentation de l'absentéisme. Nous n'avons pas la sensation que la direction souahite regarder, magasin par magasin, le nombre d'heures travaillées à mettre face à la charge de travail. Les directeurs de magasin doivent être en capacité de répondre aux demandes des élus dans les CSE sur les problèmes d'efffectif et de désorganisation.

Ce qui est proposé dans le plan stratégique 2026 nous rend très inquiets au vu des changements à apporter dans notre organisation alors que les salariés sont déjà très fragilisés.

Nous avons compris qu'il y a un nouveau format qui arrive en France, Atacadao. Ce cash and carry fonctionne très bien au Brésil. Si les magasins ont majoritairement voction à rester dans le modèle intégré, est-ce qu'il n'y a pas la volonté de la direction de transformer certains Hypers en Atacadao ? Nous savons que l'organisation du travail est très différente dans ce modèle, avec peu d'effectif.

Réponse de Nora Mastouri.

Sur la massification et le prêt-à-vendre, l'objectif est bien entendu d'augmenter la productivité. Nous n'avons pas pour but de réduire les effectifs mais de permettre aux salariés de se consacrer à l'accompagnement des clients. Cela s'accompagne, nous devons avoir des échanges en CSEC et dans les CSE des magasins.

Nous devons aussi mettre les bonnes personnes au  bon endroit au bon moment. Nous avons un sujet à traiter sur ce thème. Nous allons ouvrir une concertation sur les horaires en ilôts en caisses. C'est également le sens des négociations sur les classifications. C'est un chantier majeur.

Sur Atacadao, nous n'avons pas davantage d'information. Alexandre Bompard a annoncé une seule ouverture en 2023 en Île de France. Nous reconnaissons que le modèle commercial et les pratiques de travail sont très différents dans ce modèle. Nous allons continuer à déployer le modèle Supéco.

Notre PDG a également réaffirmé de manière très claire que l'Hyper devait être un discounter. Notre format est le plus adapté pour s'adresser à une population qui veut le meilleur rapport qualité/prix, avec une gamme de produits premier prix et à marque propre diversifiée. Nous ne nous dirigeons pas vers un déploiement massif du cash and carry.



Intervention de Nora Mastouri, Directrice des ressources humaines des Hypers, et d'Alexandre Nau, Directeur des relations sociales.

Nora Mastouri est DRH des Hypers depuis maintenant un an. Elle est entrée à Carrefour en 1999 en temps qu'étudiante au secteur Caisses.

Alexandre Nau est à Carrefour depuis 4 ans, d'abord en temps que DRH des fonctions supports, puis en temps que Directeur des relations sociales des Hypers.

Le plan de ertournement des Hypers a commencé il y quatre ans. L'objectif est de se concentrer sur le client et le remettre au coeur de nos préoccupations. La transformation concerne aussi notre modèle commercial avec le lancement de nouveaux concepts.

En 2022, nos axes stratégiques se concentrent sur le client, sur le concept Maxi (déjà 53 magasins dans ce modèle) avec aussi un "socle" de bonnes pratiques qui concernent tous les magasins (image-prix) et sur le digital (omni-canalité). Les clients "omnicanal" dépensent 22 % de plus dans notre enseigne.

Les promotions de l'École des Leaders se poursuivent. Nous mettons en place des tables rondes salariés dans les magasins, même si tous ne l'ont pas encore fait, nous allons travailler sur ce sujet. Il y a deux types de tables rondes : orientées vers le client et orientées vers les difficultés rencontrées en magasin.

Nous allons développer les catalogues digitaux en 2023 pour supprimer les impressions papier.

Nous poursuivons notre objectif de réduction des coûts. Des efforts ont été fait sur la démarque avec 270 millions d'euros d'économie en 2021. Nous travaillons sur les frais généraux, nous payons des prestations qui n'étaient pas réalisées ou réalisées partiellement.

Nous avons un volet sur la productivité, ce qui s'est traduit par la massification de notre offre pour réduire la manutention.

La location-gérance est une solution pour les magasins très déficitaires, cela fait partie de notre stratégie pour les années à venir. Cependant nous précisions que les Hypers resteront majoritairement intégrés, Alexandre Bompard l'a réaffirmé.

Notre stratégie 2022 a porté ses fruits, nous avons gagné 240 000 nouveaux clients à fin octobre 2022. Le volume de marchandise vendue augmente. Nous gagnons des parts de marché, nous gagnons encore 0,2 point de part de marché sur la P10.

Le contexte 2022 est difficile, avec la guerre en Ukraine qui a créé des ruptures dans nos rayons, en plus de l'inflation.

Nous devons continuer à travailler en magasin sur les problèmes que nous rencontrons dans notre métier.



Intervention de Christine Bachelet pour l'épargne salariale.

Christine nous rappelle les différences entre le PEG et le PERCOL, en termes de versement de capital ou de sortie. Toutes les opérations peuvent être menées dans l'espace épargnant du salarié.

Natixis a un partenariat avec France Retraite pour un échange téléphonique d'environ une demie heure et qui permet au salarié de faire le point sur sa situation.

Pourquoi n'est-il pas possible de rebloquer les sommes du PEG sur le PERCOL ? Il faut transférer les sommes sur un compte puis reverser sur le PERCOL.

C'est une modification de la loi. Nous ne comprenons pas pourquoi le Parlement a voté cette modification.

Peut-on verser de l'argent sur le PERCOL une fois passé en location-gérance ?

Il est possible de faire des versements volontaires.



Intervention de Sylvie Dubois sur le fond de solidarité.

Sylvie Duvois demande à Dominique Moulek de négocier avec la direction pour le montant du fond en 2023, elle demande 400 000 €.

Les dossiers sont transmis à la commission par les élus des magasins ou par la direction. Cette commission est composée d'élus.

La commission ne connait pas le nom des salariés qui soumettent un dossier dans un souci de confidentialité. Les réunions ne font pas l'objet d'un compte rendu.

Le dossier doit s'accompagner de tous les justificatifs nécessaires et d'une lettre du salarié pour expliquer sa situation. La réponse de la commission est envoyé au directeur du magasin qui devra informer le salarié et le représentant du personnel qui a monté le dossier, le cas échant.

En fonction du dossier, il peut s'agir de factures réglées directement par le fond de solidarité ou de bons d'achat envoyés au salarié.

Les élus remercient Sylvie pour le travail accompli auprès de la commission du fond de solidarité.

Sylvie présente le fond social de l'APGIS.

Les membres de la commission du fond social de l'APGIS sont désignés par le Comité Social et Économique Central pour les Hypers. Il n'y a que des élus FO dans cette commission.

Ce fond vise à couvrir une partie des dépenses de santé ou des aménagements en cas de handicap pour les salariés n'ayant pas les ressources nécessaires pour faire face à ces dépenses. Ce fond est financé par une cotisation. Le salarié doit justifier de sa situation. Il est également possible de faire bénéficier un tiers de ce fond ou de déposer un dossier en tant de retraité.



Introduction de Richard Viande.

Sans revenir sur le mouvement de grève, Richard Viande explique avoir appris durant toutes ses années de militantisme à faire d'un événement négatif un événement positif. De cette grève, il retient que nous avons réussi à mobiliser les salariés en moins d'une semaine, c'est un message fort que nous avons envoyé à la direction.

 Nous ne devons pas regarder dans le rétroviseur, nous devons aller de l'avant et défendre les salariés sur le terrain. Nous sommes freinés dans notre action par d'autres organisation, plus soucieuses de leur intérêt propre que de l'intérêt des salariés. Nous sommes là pour nous battre, restons soudés et tels que nous sommes, forts et fiers.



Les délégués ont le plaisir de féliciter nos futurs retraités pour le travail qu'ils ont accompli durant toutes leurs années de militantisme, au plus près des salariés. Merci à Christian Macario, Marie-Christine Siveiro, Michèle Lespert, Pierrette Leroy et Véronique Hercent.



La délégation pour les négociations

Dominique Moualek présente les revendications pour les négociations 2023. Ces revendications ont été établies par les délégués syndicaux sur la base des remontées des magasins.

SALAIRES : Une augmentation supérieure à l'inflation, en une seule fois, au 1er janvier. Reconduction de la clause de revoyure.

Étendre la journée pass à tous les jours de la semaine pour les salariés. Perennisation et augmentation de la remise sur achat, augmentation du plafond à 15 000 €.

Augmentation de la valeur faciale des tickets restaurant. Prise en charge par l'employeur à hauteur de 60 %.

D'autres revendications seront présentées à la direction. Elle ne nous a pas encore communiqué les dates de négociation.

Dominique Moulek rappelle que nous sommes la seule organisation à arriver en NAO avec des revendications travaillées, construites. Nous agissons en responsabilité pour obtenir le maximum.



Questions/réponses avec Hugues Marsault, expert-comptable du cabinet EMA.

Quel est l'intérêt pour les repreneurs de prendre des magasins en location-gérance ?

Leur intérêt, c'est de gagner de l'argent ! Les repreneurs ont, en général, une véritable optique commerciale et les magasins tournent mieux, sur le plan du commerce. Ils obtiennent la rentabilité par des économies sur les frais de personnel (pas ou peu d'encadrement, des droits sociaux au rabais). Les salariés qui sont transférés concervent une partie de leurs acquis sociaux mais tous ceux qui sont recrutés par la suite ne bénéficient que de la convention de branche, ils coûtent 20 % moins chers. Ne vous faites pas de bile pour les repreneurs, ils gagnent de l'argent.



Alexandre Bompard a parlé ce matin d'ouvrir l'actionnariat aux salariés. Ce dispositif a déjà existé mais n'a rien rapporté aux salariés. Quelle est l'intention de la direction ? Quel intérêt pour les salariés ?

La valorisation boursière de Carrefour est de 13 Md€. L'objectif des entreprises, en général, est d'avoir 5 % des actions détenues par les salariés, ce qui représenterait 600 M€. Cela va prendre des années. Cela se fait par l'épargne salariale en général. Par ailleurs c'est assez vicieux car le salarié ne va investir dans des actions Carrefour que s'il y a des résultats à la clé... mais les résultats sont fait par la suppression des emplois des salariés ! Pour le salarié, c'est se tirer une balle dans le pied.



À quoi doit-on s'attendre en termes d'augmentation de salaire pour les prochaines NAO au vu du plan d'économie ?

Carrefour baisse les heures travaillées en magasin en proportion des augmentations de salaire. Si vous obtenez une augmentation de 3 %, l'entreprise va baisser les heures travaillées de 3 % pour garder une enveloppe de frais de personnel stable.

Cependant, il reste des marges de négociation car Carrefour est conscient que la situation n'est pas facile et qu'il faut "préserver" les salariés qui restent.



Les magasins qui passent en location-gérance, c'est une économie pour Carrefour. A-t-on une idée de cette économie et de la part qui est réinsvestie dans les Hypers ?

Il n'y a rien qui est réinvesti dans le parc des Hypers. Carrefour économise les frais généraux (5 à 6 % du CA) et les frais de personnel (12 % à 13 % du CA). Un simple calcul permet d'estimer ces économies à 160 millions d'euros par an.



Nous ne pouvons pas continuer à regarder passer les magasins en location-gérance... Il va falloir que l'on se pose collectivement pour faire stopper la location-gérance par des actions massives et déterminantes !

Carrefour développe le modèle de la location-gérance car c'est un modèle performant économiquement mais qui a des conséquences sociales importantes. Il est difficile de faire obstacle à la location-gérance par le droit : tous les recours devant les tribunaux ont échoués. Ce qu'on ne peut obtenir par le droit, on peut essayer de l'obtenir par la force.



Hugues Marsault, expert-comptable du cabinet EMA, présente les actualités sur les résultats économiques de Carrefour.

Au niveau du groupe, en 2022, il y avait deux chantiers de transformation importants : la transformation des Sièges, avec des départs qui vont désorganiser les fonctions supports et les magasins, et un plan d'économie de 3 milliards d'euros sur cinq ans.

Alexandre Bompard a annoncé ce matin 4 milliards d'euros (Md€) d'économie sur 4 ans. Ce plan est très lourd.  Carrefour veut accélérer la transformation et améliorer la performance.

Carrefour vise un chiffre d'affaires e-commerce de 10 Md€ en 2026 : la marche semble haute car il s'agit de tripler le CA actuel.

Le chiffre d'affaires du groupe est de 81 Md€, la France représente environ la moitié. Le résultat opérationnel du groupe est de 2,3 Md€, la France représente environ un tiers de ce résultat. Carrefour souhaite améliorer sensiblement son résultat opérationnel et la manière la plus simple de le faire est un plan d'économie. Alexandre Bompard vise 1 Md€ de résultat opérationnel pour la France.

Carrefour investit peu : les CAPEX sont de 1,6 Md€, ce qui n'est plus que la moitié des investissements que l'on connaissait dix ans auparavant. Les investissements sont concentrés en Amérique Latine et dans le e-commerce : il y a peu d'investissement dans les magasins en France. Il n'y a pas de projet d'extension en France.

Alexandre Bompard a annoncé un nouveau programme de rachat d'action dans le but d'améliorer le cours boursier de l'action Carrefour. Cependant le programme déjà réalisé, de 700 millions d'euros (M€), n'a pas amélioré le cours boursier.

À fin 2021, il n'y avait plus que 78 % des magasins dans le parc intégré. Alexandre Bompard n'a pas évoqué la location-gérance dans ses orientations stratégiques. Cependant la location-gérance va se poursuivre au même rythme (une quinzaine par an). Ce n'est pas possible de faire 4 Md€ d'économie sans passer les magasins en location-gérance car les magasins sont déjà à l'os en termes de frais de fonctionnement.

La France fait 757 M€ de résultat opérationnel en 2021. Ce résultat est fait par la Proximité et les Supermarchés, tandis que les Hypers ont un résultat négatif ( - 20 M€). La location-gérance est un moyen pour la direction de rendre immédiatement les magasins rentables, par les loyers et un pourcentage sur la marchandise.

Les magasins qui ne sont pas rentables s'exposent à passer en location-gérance. Il faut cependant que la direction trouve un repreneur. Pour les magasins en difficulté que la direction n'arrivera pas à passer en location-gérance, il est possible qu'elle cherche à transformer le modèle, via Atacadao par exemple (modèle de vente en gros au Brésil). Supéco est un modèle qui ne fonctionne pas.

Avec la location-gérance depuis 2018, c'est 500 000 m² de surface de vente, plus de 3 Md€ de chiffre d'affaires et  plus de 10 000 salariés qui sortent du groupe...

Hugues Marsault s'attend à ce que Carrefour s'attaque à l'automatisation des caisses qui représentent 20 à 25 % de l'effectif d'un hypermarché. Pour contenir les frais logistiques qui augmentent, on peut s'attendre à ce que Carrefour s'attaque également à l'automatisation dans les entrepôts.



Hugo Crimersmois, ergonome du cabinet DOH, présente aux délégués l'état des conditions de travail dans les magasins.

Après avoir rappeler la définition des conditions de travail, Hugo Crimersmois expose la relation entre l'humain et les outils dans les situations de travail. Il nous redonne les obligations légales de l'employeur en matière de protection de la santé des salariés.

Quel est le rôle du CSE en matière de santé, sécurité et conditions de travail ?

Il contrôle que l'entreprise applique correctement la réglementation relative à la sécurité et l'hygiène, il analyse les situations de travail et les risques professionnels, il propose à l'employeur des mesures concrètes en vue d'améliorer la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, il analyse les causes des accidents de travail et des maladies professionnelles, contribue au développement de la prévention par des actions de sensibilisation et d'information des travailleurs.

Cyril Boulay explique qu'un accord sur la santé, la sécurité et les conditions de travail est en cours de négociation au niveau du groupe.



Cyril Boulay, délégué de groupe, prend la parole.

La situation économique et sociale est difficile dans notre groupe. Les annonces et les rumeurs d'accumulent. Nos dirigeants sont à la recherche de solutions miracles qui nous entrainent vers le bas. Les salariés sont désorientés et se posent des questions sur leur avenir. Nous sommes le syndicat le plus représentatif dans le groupe et nous ne pouvons accepter de voir ce désastre.

Notre force est celle des équipes dans nos magasins, du nombre d'adhérents dans notre syndicat. Nous devons poursuivre l'effort de syndicalisation.

Nous n'hésitons pas à aller devant les tribunaux  lorsque c'est nécessaire et nous gagnons nos procès.

Nous devons maintenir le rapport de force dans les instances, dans les négociations pour améliorer les conditions de travail, les salaires et pour lutter contre toutes les formes de discrimination.

L'information et la communication sont essentielles pour faire  connaitre et reconnaitre notre action dans les magasins et au national.

Nous dénonçons la réduction des effectifs dans les magasins, l'explosition de la productivité qui se fait au détriment des conditions de travail. Nous dénonçons les politiques RH qui visent à faire du CDI l'exception et des contrats précaires (CDD, contrat de professionnalisation) la normalité. Nous dénonçons la location-gérance.

Nous actons que la négociation de la clause de revoyure au niveau du groupe a créé des dissenssions et nous refuserons, désormais, toute négociation sur les salaires au niveau du groupe.

Alexandre  Bompard a annoncé ce matin 4 milliards d'euros d'économie pour 2026. Nous sommes passés de 125 000 salariés à moins de 80 000 en France, entre 2018 et 2022. Imaginons la suite...

Vive FO Carrefour Hypers, vive FO Carrefour, vive la FGTA-FO.



Le délégué national des Hypers souligne qu'il est important pour nous de continuer à se battre sur le terrain, défendre les droits des salariés, ce qui devient de plus en plus difficile dans le contexte actuel : l'inflation qui dérape, la réduction des effectifs dans les magasins, la détérioration des conditions de travail, de nouvelles organisations de travail, le passage en location des magasins...

En un an, il n'y a pas eu de réelle évolution, en dehors de l'inflation et des annonces d'Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour, ce matin même.

Ce qui restait de nos échanges, il y a un an, outre les salaires, était le ras-le-bol des employés face à la détérioration des conditions de travail dans les magasins.

Les NAO 2022 ont été fortement validées par les salariés, à plus de 80 %. Aujourd'hui, il faut continuer à revendiquer l'augmentation des salaires pour couvrir l'inflation, bien qu'il y ait de grandesincertitudes sur le niveau final de l'inflation. Il est donc important pour nous de maintenir une clause de revoyure dans nos négociations. Cependant, il faudra que cette clause de revoyure se fasse au niveau de chaque entité, et non au niveau du groupe comme cette année.

En effet, cette négociation au niveau du groupe a créé une fracture entre nous, avec des salariés ayant des positions différentes. Les Hypers, en particulier, ne souhaitaient pas signer la proposition de la direction. Nous nous sommes pliés à l'avis majoritaire mais il est hors de question de s'engager à nouveau sur une clause de revoyure au niveau du groupe.

Nous avons décidé de lancer un mouvement de grève le 24 septembre car nous ne voulions pas signer la proposition de la direction. Cette dernière s'est réveillée deux jours avant le mouvement pour nous proposer de renégocier. Nous avons jugé qu'il était malvenu de nous proposer de renégocier si tardivement, le mouvement était lancé. Nous avons été capables de mobiliser plus de 80 magasins en moins d'une semaine, dans des conditions qui n'étaient pas idéales. C'est une belle réussite.

Il faut avoir conscience que la direction n'aurait jamais lâché les 2,5 % d'augmentation et la prime si nous n'avions pas lancé le mouvement. Les salariés ont très mal perçu la proposition d'une prime de 100 €, ressentie comme un manque de respect, une mauvaise plaisanterie au vu des efforts consentis par les salariés dans les magasins.

Au final, plus de 77 % des magasins des Hypers étaient contre la signature. Seuls la Supply Chain et Carrefour Service Clients, avec Carrefour Hypers, soit trois entités sur dix-huit, étaient contre la signature. Nous avons dû porter cette signature qui relevait d'une position majoritaire au  niveau du groupe, malgré nous. Nous avons subi cette signature.

Dominique Moualek pense que cette signature n'était pas une bonne chose. Cela a été compliqué pour les délégués dans les magasins. C'est un épisode dans notre vie syndicale, nous devons aller de l'avant.

Les négociations 2023 vont être difficiles, avec une inflation toujours présente, une grille de salaire qui se tasse car elle est rattrapée par le SMIC. Nous irons au combat pour chercher ces augmentations. Le secrétaire général de la confédération Force Ouvrière a donné le mot d'ordre : augmenter les salaires, c'est maintenant !

Nous sommes le syndicat de la fiche de paie, historiquement, et nous exigerons que les augmentations soient, au minimum, alignées sur l'inflation pour éviter toute perte de pouvoir d'achat.

Nous avons entamé un nouveau cycle électoral en septembre, ce cycle s'étend sur deux ans. Sur les 26 magasins déjà passés en élection, nous obtenons une forte majorité et nous avons conforté notre représentativité. Nous étions inquiets à l'issue de la grève sur la confiance que nous accordait les salariés et le résultat de ces élections nous montre que notre travail sur le terrain est toujours reconnu par les salariés.

Nous sommes entrés il y a quatre ans dans la location-gérance. La direction nous avait expliqué qu'il s'agissait d'offrir une alternative aux magasins en difficulté. Mais nous avons maintenant 65 magasins et cela s'accélère. Alexandre Bompard a réaffirmé l'importance de la location-gérance et de la franchise dans le modèle de Carrefour. Nous ne devons pas nous résigner à cela, ce n'est pas la normalité et il s'agit d'un véritable traumatisme pour les salariés. Nous avons eu un retard à l'allumage mais notre syndicat s'est organisé pour accompagner ces magasins, former les délégués et négocier des accords d'entreprise dans ces magasins. Cet accompagnement doit se faire à long terme et il sera nécessaire de renforcer l'équipe syndicale qui accompagne les magasins en LG.

Nous avons signé un accord sur la "clause sociale" qui maintient un certain nombre de droits pour les salariés des magasins qui passent en location-gérance. Nous devons continuer à négocier des droits pour les salariés qui quittent le groupe à travers la mise en LG des magasins.

Sur nos revendications concernant les conditions de travail, la direction s'est engagée à débloquer 300 CDI/CDD pour les magasins. Nous n'avons pas de vision sur cet engagement et nous aloons demander des précisions à la direction.

Les dernières semaines n'ont pas été faciles mais nous sommes debouts. Il va falloir se battre pour les salaires et les conditions de travail... mais c'est ce que nous faisons depuis des années. Sur les désaccords qui nous ont opposé, il faut continuer à aller de l'avant et maintenir l'unité pour les salariés. Lors de la grève, nous avons su montrer à la direction que nous étions toujours là et que nous savions mobiliser.



Dominique Moualek, délégué national des Hypermarchés, ouvre notre assemblée générale et souhaite la bienvenue à l'ensemble des délégués.

Il présente le programme de ces deux jours d'assemblée et l'organisation de nos travaux. Plusieurs intervenants extérieurs prendront la parole. La direction se présentera devant les délégués mercredi matin à 10h30. Le secrétaire générale de notre Fédération, Laurent Rescanière, interviendra devant les délégués.

En parallèle de notre assemblée générale, les délégués des magasins passés en location-gérance tiennent leur propre assemblée générale.

Dominique Moualek demande une minute de silence pour les délégués nous ayant quitté au cours de l'année.



Il est bientôt 14h30, les délégués s'installent pour le début de notre assemblée générale.

Plus de 350 délégués des Hypermarchés se sont réunis à Erdeven, en Bretagne, pour ces deux jours de débats.



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