Monsieur DE PALMAS,
FO s’interroge vivement sur la cohérence entre les ambitions affichées dans le plan stratégique Horizon 2026 (transition alimentaire, digitalisation, croissance externe, investissements logistiques) et la réalité du terrain, vécue au quotidien par les salariés du Groupe Carrefour.
Où sont passés les investissements promis ? Alors que les documents stratégiques annoncent 2 milliards d’euros d’investissements par an à compter de 2026, FO constate que de nombreux magasins restent vétustes, peu modernisés depuis plusieurs années, et que les entrepôts doivent composer avec des moyens largement insuffisants. Les salariés sont confrontés à des conditions de travail de plus en plus dégradées : surcharge constante, effectifs insuffisants, rationalisation continue.
Pourquoi persister dans un choix stratégique de poursuivre les passages en location-gérance ou en franchise des magasins, et ce malgré les résultats économiques négatifs constatés dans ce modèle de gestion. Une part significative du chiffre d’affaires continue pourtant d’être réalisée par les magasins intégrés, preuve que ce modèle reste performant lorsqu’il est soutenu.
Pourquoi la logistique, présentée comme un pilier stratégique, reste-t-elle sous-dotée et sous tension, avec une pression croissante sur les effectifs et des risques de fermeture pour certains sites ? Dans un contexte où la performance de la chaîne d'approvisionnement est essentielle à l’ambition omnicanale du groupe, ce manque d’investissement est difficilement compréhensible.
Comment espérer regagner des parts de marché, alors que les magasins ne disposent pas des moyens humains, matériels et commerciaux nécessaires pour répondre aux attentes des clients ? Les exemples de points de vente récemment intégrés par croissance externe démontrent qu’un investissement sur les rayons traditionnels et la formation des équipes peut produire des résultats. Pourquoi ne pas s’en inspirer plus largement au sein du Groupe ?
De plus, la croissance externe (Cora, Match, Casino, Puig...) ne saurait masquer le recul organique de l’activité. Dans ce contexte, pour FO, une question essentielle se pose : pourquoi ces nouvelles entités ne sont-elles pas intégrées aux outils logistiques du groupe, ni soumises aux mêmes règles sociales que l’ensemble des salariés de Carrefour ? Cette différenciation nourrit un sentiment d’injustice et d’incohérence, tant sur le plan social qu’organisationnel.
FO demande des engagements forts, des actes concrets et des réponses à la hauteur des défis. Les salariés, qui font vivre Carrefour chaque jour, méritent mieux que des promesses abstraites : ils attendent des décisions tangibles, équitables et respectueuses de leur implication.