Le rachat de Carrefour par Couche-Tard prend un tournant politique entre la France et le Québec

Rédigé le 15/01/2021

Le gouvernement québécois a rappelé à la France que son gouvernement ne s'était pas opposé au rachat de Bombardier par Alstom. Une discussion avec Emmanuel Macron pourrait avoir lieu pour débloquer le dossier.


"Ma position, c'est un non courtois, mais clair et définitif". C'est la position du ministre de l'Économie au rapprochement proposé par le canadien Couche-Tard au géant français Carrefour. Il n'est cependant pas certain que le ministre français de l'Économie puisse camper sur cette position, car le Canada, jusqu'alors discret sur ce sujet, a commencé à donner de la voix.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie du Québec, aurait clairement dit hier à Bruno Le Maire, lors d'échanges dans la matinée au Quebec (dans l'après-midi en France), que sur le plan économique, ce dossier ne devait être traité qu'entre les deux parties. Il aurait même affirmé qu'il y aurait déjà eu une entente entre les dirigeants des deux groupes, Alain Bouchard (Couche-Tard) et Alexandre Bompard (Carrefour).


"Ça va dans les deux sens", a appuyé le ministre québécois.

Une intervention possible de Justin Trudeau

Pierre Fitzgibbon estime que désormais ce dossier est clairement devenu politique. Il a même rappelé que lorsque Alstom a racheté le fleuron canadien de l'aéronautique, Bombardier, l'opération avait été très bien accueillie par le Canada. "Ça va dans les deux sens", a appuyé le ministre québécois.

Enfin, Pierre Fitzgibbon n'a pas exclu qu'Emmanuel Macron soit appelé directement par le Premier ministre François Legault et même que Justin Trudeau, Premier ministre du gouvernement fédéral, puisse aussi se mêler de cette affaire.

Une nouvelle discussion devait avoir lieu hier dans la soirée entre Bruno Le Maire et Pierre Fitzgibbon. Selon Bercy, le ministre français de l'Économie compte expliquer son point de vue à son homologue.

Cette position pourrait être d'autant plus dissuasive que le gouvernement a le pouvoir de bloquer les opérations de rachat dans l'industrie agroalimentaire, via la réglementation sur le contrôle des investissements étrangers. "Je préfère ne pas avoir à l'employer", a dit Bruno Le Maire en précisant néanmoins qu'il n'hésitera pas "s'il le faut".



Le Premier ministre du gouvernement fédéral canadien, Justin Trudeau, et le Président de la République française, Emmanuel Macron. Le rachat de Carrefour par Couche-Tard pourrait être bloqué pour des raisons politiques.