Maxime Chery (à droite), le jeudi 11 janvier 2020, lors de sa dernière manifestation contre la réforme des retraites.
Maxime Chery, employé de 34 ans du magasin Leclerc de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) et délégué syndical FO, s'est suicidé sur son lieu de travail avec une arme à feu, samedi 11 janvier.
Maxime a laissé un mot pour expliquer son acte. "Une lettre donne des explications sur son geste et fait état de difficultés dans le cadre de son travail ainsi que de difficultés personnelles", a confié François Pérain, procureur de la République de Nancy.
Maxime subissait de graves pressions de la part de la direction du magasin. "Il y avait des tensions avec la direction. Il travaillait le matin. Il arrivait à 5 heures et travaillait dans le rayon alcool. Il a décidé de mettre fin à ses jours à cet endroit, dans ce rayon. L'entente n'était pas cordiale du tout avec son chef de service. Maxime était un passionné et il avait son boulot à coeur", dit ce matin Nadège, une employée, abasourdie, du magasin de Vandoeuvre.
Nadège, très proche de Maxime, explique : "Au mois d'août, Maxime a eu un entretien avec le directeur car ça n'allait pas. Je l'ai accompagné. A ce moment là, j'ai dit au directeur : «Vous attendez quoi pour intervenir ? Qu'il se suicide, qu'il se pende ?»" La direction lui aurait alors répondu : "On n'ira pas jusque-là."
Le procureur de la République de Nancy, François Perain, précise que : "l'exploitation de la vidéosurveillance du magasin a permis de constater que l'intéressé avait pris son travail à 5h01, il était vu à 5h13 tirant un transpalette dans le rayon où il travaillait, s'arrêtait, sortait une arme qu'il retournait vers lui avant de tirer".
Ce samedi 11 janvier, en début d'après-midi, la direction, dans un communiqué, "adresse ses sincères condoléances à sa famille et lui témoigne son soutien". Cependant, sur place, en Lorraine, le bureau du directeur a refusé de recevoir une délégation de syndicalistes.
Vers 10h30, au départ de la manifestation contre la réforme des retraites prévue dans les rues de Nancy, les représentants FO ont tenu à rendre hommage à Maxime, 34 ans. Il aurait du fêter ses 35 ans le 23 janvier. Ils ont pris la parole pour lui rendre un "dernier hommage" en expliquant "qu'il subissait des pressions de la direction du magasin de Vandoeuvre".
Après la manifestation contre la réforme des retraites, les membres du syndicat FO se sont rendus à Vandoeuvre pour manifester devant le magasin.
Ce samedi, les pompiers étaient sur place, avec les enquêteurs de la police judiciaire. Une cellule psychologique d'urgence a été mise en place par les pompiers à l'intérieur du magasin. Le centre commercial est resté fermé toute la journée.
Une enquête est ouverte par le parquet de Nancy. Une procédure de recherche des causes de la mort a été ouverte. Le procureur ajoute "qu'une enquête pourra être ouverte pour harcèlement moral et homicide involontaire".
Dimanche 12 janvier, l'union départementale FO Meurthe-et-Moselle a mis en place une cagnotre Leetchi.com destinée aux frais d'obsèques. L'union départementale a déclaré qu'elle "mettra tout en oeuvre pour que ces agissements ne restent pas impunis et engagera toutes les action nécessaires y compris judiciaires."
"Tous les jours nous devons nous battre contre certains patrons qui ne respectent pas les lois et qui mettent sous diverses formes des pressions inadmissibles et inacceptables à leurs salariés et aux élus qui les représentent" a réagi Dominique Moualek, délégué national Hypers.
Dejan Terglav, secrétaire de la FGTA-FO, a déclaré : "La FGTA et les syndicats FO de la grande distribution présentent leurs condoléances à la famille, aux proches, camarades et collègues de Maxime. Nous continuerons à nous battre contre toutes les pratiques anti syndicales et les dérives managériales d’une autre époque."
La FGTA-FO appelle ses adhérents à rejoindre le rassemblement organisé par l’UD FO 54 ce mardi 14 janvier de 10h à 16h, sur le rond-point situé devant la grande surface afin de dénoncer les conditions de travail au Leclerc de Vandœuvre.
Yves Veyrier, le secrétaire général de Force Ouvrière, a manifesté son soutien à la famille de Maxime : "c'est dramatique, intolérable qu'un salarié soit réduit à un tel désespoir au travail. La justice doit passer et justice doit lui être rendue. Je suis immensément triste aujourd'hui en tant qu'homme et en tant que secrétaire général de FO, sa confédération. Mes très sincères condoléances à sa famille, ses proches et ses camarades. Solidarité avec ses collègues salariés."